Le golf est ennuyeux

17 octobre 2023- 5 mn

 Selon le score et le temps de jeu, voici le temps moyen qui sépare chacun des coups de golf.

 3h304h004h305h00
Score de 603’30’’4’4’30’’5’
Score de 703’3’25’’3’51’’4’17’’
Score de 802’37’’3’3’22’’3’45’’
Score de 902’20’’2’40’’3’3’20’’

Retenons : entre 3 et 4’, voire plus, entre chaque coup joué. Et cela pendant 4h et plus. Nous devons nous y résoudre, le golf est ennuyeux.

L’article du n°27 d’Epsiloon intitulé « La science plonge dans l’ennui » est éclairant. Il fait référence à une étude menée en 2014 par Timothy Wilson[1] et une autre menée en 2016 par l’université de Maastricht venant confirmer les résultats de la 1ère. Je résume les résultats de ces études : nous sommes prêts à tout pour ne surtout pas nous ennuyer. Nous sommes prêts à nous goinfrer, à nous droguer, à prendre d’énormes risques, à faire beaucoup d’efforts, à nous faire mal et même à torturer ! Il nous est très difficile de rester sans rien faire, simplement avec nos pensées. Selon ces études, il s’avère intolérable pour un individu de rester assis ne serait-ce qu’un quart d’heure, seul dans une pièce nue, avec pour unique activité de penser. Quand l’expérience était répétée à la maison, un tiers des participants avouaient tricher-en écoutant de la musique, en regardant leur téléphone, en se mettant à lire ou en quittant leur siège. Et quand les chercheurs ont eu l’idée de proposer, au cours de ce même quart d’heure, de s’auto administrer des chocs électriques, ils ont observés, sidérés, 67% des hommes et 25% des femmes s’infliger au moins une décharge.[2]

Ces études ne nous apprennent rien que les golfeurs ne savent déjà : l’ennui, donc le golf rendent dingues !

J’écarte ici les comportements de se goinfrer, de se droguer et de torturer de l’équation golfique (j’espère pour vous à raison). En revanche, pour la prise de risque (stratégie risquée et inadaptée), faire beaucoup d’efforts (routine qui n’en finit plus, concentration extrême, technique qui vire à l’obsession, séance de practice sans fin) et se faire mal (s’injurier, associer nos résultats de golf à notre personne, abandonner le jeu), il me semble que nous sommes nombreux, de tous niveaux, à comprendre de quoi il retourne.

L’ennui est décrit comme une véritable émotion. Sensation très désagréable à la fois dans notre corps et dans notre tête. Elle se lit d’ailleurs à l’électroencéphalogramme puisqu’elle active le système nerveux autonome en augmentant le pouls et l’activité des glandes sudoripares de la peau

Les chercheurs s’interrogent sur la fonction de l’ennui aux yeux de l’évolution et en a-t-il vraiment une ?

L’émotion de l’ennui serait un appel à agir. Ce serait donc pour nous obliger à bouger, à explorer que l’évolution aurait inscrit en nous cette émotion. L’ennui serait un moteur fondamental de nos comportements.

« Je pense que notre esprit est fait pour s’engager dans le monde », explique Timothy Wilson. « Lorsque nous ne lui donnons aucune raison de se concentrer, il est difficile de savoir ce qu’il doit faire. »

La nature ayant horreur du vide, on est prêts à tout pour ne pas s’ennuyer.

Pour le golf, du fait du trop-plein de temps injecté, notre « humanité » tend à nous faire agir (efforts, risques, auto-flagellation).

  1. Prenons conscience !
  2. Adaptons-nous !

La prise de conscience est essentielle. En jouant au golf, réaliser que l’ennui provoqué par le jeu va nous pousser à agir de manière irrationnelle est FONDAMENTAL. Nous sommes mal équipés (au regard de l’évolution) pour affronter l’ennui d’une partie de golf. La stratégie que nous mettons en place est inadaptée. C’est parfait pour parcourir le monde, explorer, nous nourrir, entreprendre 10000 activités par jour (mécanisme bien compris par les opérateurs téléphoniques et les concepteurs des réseaux sociaux), pas pour jouer sereinement au golf.

L’effet naturel pour combler le vide provoqué par l’ennui sera de penser. Cette agitation mentale agit comme des interférences.

Hors, les interférences ont un impact essentiel sur notre performance comme nous le montre l’équation suivante :

Performance = compétences + passion – interférences

La proposition faite par Jayne Storey au travers de Chi Performance est de sortir les interférences de l’équation et permettre ainsi une pleine exploitation de notre potentiel.

Pour y parvenir, c’est d’ailleurs ce que suggère Timothy Wilson dans son article, une seule voie : se confronter à l’ennui. Si vous jouez au golf, c’est inexorable, vous y serez confronté. Nous comprenons mieux d’ailleurs ainsi la différence principale entre un joueur de golf et un joueur de practice. En effet, avoir des balles à taper à profusion nous convient bien puisque cela comble l’ennui.

Donc se confronter à l’ennui. Méditer. Pas n’importe comment. Tous les artifices (application, méditation guidée) sont à proscrire. En effet, vous l’avez compris, ces artifices vous empêchent de véritablement vous confronter à l’ennui, au vide, à vos pensées. Méditer, c’est nous confronter à quelque chose de naturellement difficile. C’est nous confronter à une émotion inscrite au plus profond de nos gênes pour nous faire agir et réagir. Oui c’est difficile, personne ne le nie. Les coachs certifiés par Jayne Storey, dont je fais partie, sont là pour vous accompagner, vous soutenir le long de ce nouveau chemin.

Toutes les techniques de méditation sont à retrouver dans Breathe Golf de Jayne Storey.

 En conclusion, oui le golf est ennuyeux. Étant mal équipés au regard de l’Évolution pour affronter l’ennui, nous devons comprendre que les stratégies classiques (technique, clefs de swing, pensée positive) ne font que répondre à l’élan naturel inscrit dans nos gênes. Nous devons être plus malins que ça pour contrecarrer cette tendance et mieux relever le défi que nous impose le jeu de golf. Les propositions faites par Jayne Storey s’inscrivent dans cet élan, cette volonté, ce désir de maîtrise de soi. Comme nous le rappelle Jayne, « le boulot du golfeur n’est pas de taper le coup parfait, son boulot est de porter son attention à reproduire des conditions internes qui permettent l’apparition spontanée de mouvements complexes de la manière la plus sublime et sans effort.»[3]


[1] https://www.science.org/content/article/people-would-rather-be-electrically-shocked-left-alone-their-thoughts

[2] P.73 dans Epsiloon n°27 de septembre 2023

[3] P. 175 Connected Golf Bridging the gap between practice and performance by Jayne Storey